Un roman léger qui transmet de beaux messages sources de réflexions pour soi. J’ai trouvé ce roman dans une boite à livres de ma ville. Attirée par la couverture aux couleurs chatoyantes et la référence à St Jacques de Compostelle, je l’ai choisi et l’ai lu quasiment d’une traite. La lecture est facile et fluide, les personnages attachants et l’histoire intéressante. J’ai aimé ce livre léger.
Le pitch
Cinq amies, très différentes, se retrouvent depuis quinze ans chaque mardi du mois dans un restaurant français de Cologne. Liées comme les doigts de la main, ces » femmes du mardi « , comme les surnomme le patron de l’établissement où elles se donnent rendez-vous, partagent leurs joies comme leurs peines. Tous les ans, elles passent ensemble quelques jours de vacances, une parenthèse enchantée qu’elles ne manqueraient pour rien au monde. Cette année cependant, l’une d’elles, veuve depuis peu, annonce qu’elle ne sera pas de la partie car elle souhaite accomplir le pèlerinage que son mari n’a pas pu terminer à cause de la maladie. Qu’à cela ne tienne ! Les autres décident de l’accompagner pour la soutenir.
Ce qui m’a intéressée
Il y a un décalage entre la joie de vivre de ces amies, leurs interactions joyeuses et le contexte de cette marche : le décès d’Arne, le mari de Judith.
Monika Peetz a réussi à retranscrire cette amitié solide qui lie ces 5 femmes. J’ai pu ressentir la solidarité, la bienveillance, le plaisir qu’elles trouvent dans leur relation. Pourtant, pour rendre le récit intéressant, l’autrice a dessiné des femmes aux caractères et aux vies très différentes. Comme elle l’indique, si elles s’étaient rencontrées maintenant et non 15 ans plus tôt, elles ne seraient pas forcément devenues amies. Dans le contexte challengeant de la marche, des frictions s’immiscent entre elles.
Et bien sûr, en toile de fond se trouve la marche : un chemin qui les mènera jusqu’à Lourdes. L’autrice ne s’appesantit pas sur les paysages, un descriptif précis des journées. Le pèlerinage est un prétexte. Elle préfère creuser les conséquences de ce cheminement : l’introspection. La marche est une invitation à prendre du recul face à sa vie quotidienne, face au système dans lequel on évolue et qu’on ne questionne plus. En s’immergeant dans la nature et en revenant au corps, la marcheuse peut se recentrer sur elle, ses émotions, ses valeurs, ce qui compte pour elle, s’aligner. Dans « En route pour Compostelle », nous observons l’évolution de chacune, leurs réflexions, leurs préoccupations.
Ce que j’ai retenu
S’aligner, c’est avant tout se mettre à nu, revenir à qui on est en dehors des faux semblants de la vie sociale. Ce qu’on ne veut pas admettre devient impossible à cacher sous le tapis, de même que la vérité. Ce chemin est un travail d’honnêteté et d’authenticité, d’abord de soi à soi mais aussi envers les autres. La question de fond, c’est suis-je vraiment satisfaite de la vie que j’ai ? Est-ce que cela me suffit ? « Ce n’est pas le chemin qui est difficile. Ce qui est difficile, c’est de se confronter à soi-même »
C’est l’occasion de voir l’autre dans sa vérité, sous un jour différent de ce qu’on connaissait de lui.
C’est d’ailleurs ce qui se passe pour Judith, après la mort d’Arne. Elle est prise par la nostalgie de la personne qu’elle a connue, côtoyée, aimée… avec le risque de l’idéaliser, mais aussi par son mystère, par la découverte des autres aspects de sa vie. Des contextes différents où la personne aimée se comportait différemment. La même personne et une autre en même temps. L’autre est un mystère qui ne sera jamais résolu. Souvent on aimerait la connaitre dans son intégralité, par curiosité, intérêt mais aussi parfois l’envie de se rassurer, d’avoir la sensation de contrôler son environnement.
Et il y a le point de départ de l’histoire : le deuil de Judith après le décès d’Arne. Le chagrin, la tristesse… la difficulté à accepter le départ de la personne et à revivre. Il y a des étapes. Judith en est à la tristesse. Elle a surement déjà traversé le déni, la colère, le marchandage… Comment accepter que cet être cher ne soit plus ? Le caractère irrémédiable de la mort ? Comment revivre sans ? Vivre dans les lieux communs mais seul ? Le temps aide. Mais aussi les rituels ou symboles. Dire au revoir. Ce pèlerinage est un moyen de découvrir qui était Arne sans Judith mais surtout de lui rendre hommage et de lui dire adieu. Le pouvoir du symbole, ici accepter et clôturer. La personne a disparu mais elle restera toujours dans la mémoire et le cœur. La vie continue.
Ce qui m’a surprise
Le dénouement ! Un mystère entoure le journal du pèlerinage d’Arne vers Compostelle : on sait presque dès le début que quelque chose ne tourne pas rond, sans savoir quoi. Ce suspens est le fil rouge de ce roman et apporte le dénouement inattendu de l’histoire. J’avais envie de savoir et n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être. La surprise a fonctionné pour moi.
En bref
Je recommande ! Parfait pour l’été, dans les transports ou après une dure journée.